Une forte inertie sociale perturbe la démocratisation des baccalauréats
Malgré les nombreuses réformes et annonces d’action en faveur de la mixité sociale, depuis une dizaine d’années la démocratisation de l’accès au diplôme du baccalauréat général ne progresse pas en faveur des jeunes vivant dans les familles les moins favorisées. La part de ces jeunes stagne aux environs de 24 % des lauréats, sans jamais dépasser cette ligne, si ce n’est à la session 2020, dont on sait qu’une partie des notes ont été attribuées en fonction du contrôle continu. Si la part des enfants d’ouvriers régresse au bénéfice des autres catégories défavorisées, ce n’est que le signe de la réduction constante du nombre d’ouvriers dans la population active et du basculement d’une partie de ceux-ci dans le groupe des inactifs.
L’action politique pour favoriser l’accès au baccalauréat professionnel des enfants des familles défavorisées a été plus efficace, entre les sessions 2006 et 2007 le nombre de lauréats a augmenté. La part des lycéens vivant dans des familles très défavorisées obtenant le diplôme est passée de 25% à 35% entre ces deux sessions. Cela a mécaniquement entraîné une diminution de la part des enfants de cadres intermédiaires ou supérieurs. La démocratisation du diplôme professionnel a été effectuée sans véritable réduction de la non-mixité sociale.
Les données pour la session 2020 conduisent à s’interroger sur les données antérieures, la réduction de la part des élèves dont on ne connaît pas l’origine sociale est beaucoup plus faible que précédemment. Les effectifs des catégories aisées augmentent relativement plus que ceux des catégories défavorisées. Ainsi le nombre d’enfants d’enseignants même s’il reste réduit, triple en 10 ans
Au cours de la période de 25 ans observée, la répartition des lauréats entre les enfants de familles favorisées et défavorisées ne varie que très modérément. L’évolution la plus forte intervient entre 2006 et 2007, sans se traduire par une véritable démocratisation ; depuis la part des enfants de familles défavorisées est stabilisée aux environs de 40%. Celles des enfants d’employés et des catégories plus favorisées ont une progression très faible, de moins de 2% en dix ans. Ce n’est pas par la filière technologique que la démocratisation se réalise. Il manque des éléments pour interpréter la légère augmentation de la part des lauréats dont les parents sont inactifs, sans doute davantage le résultat de la croissance du chômage qu’un effet de la prise en compte du contrôle continu, puisque cette croissance compense la réduction de la part des enfants d’ouvriers.
Les lecteurs sont informés que les différences entre les graphiques pour la période 1997-2016 et la période 2010-2020 tient à une différence de source. La première période est fondée sur une série rétrospective, la deuxième sur la compilation des tableaux contenus dans Repères et Références Statistiques de 2011 à 2021
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Mise en ligne : 10 Mai 2019 Dernière mise à jour 03/08/2021