L’élévation générale des niveaux de formation initiale et l’accroissement des taux de scolarisation des jeunes ont été rendus possibles par un fort développement de l’apprentissage à partir de 1995. Cette filière de formation a bénéficié de plusieurs dispositions législatives et d’un soutien des conseils régionaux qui, depuis la décentralisation de 1992, gèrent l’organisation des formations professionnelles. Toutes les régions sont concernées par l’apprentissage, et les répartitions antérieures n’ont pas beaucoup évolué. Celles où l’artisanat est profondément implanté restent les plus actives en la matière : Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes ou Alsace. Le principe général de l’apprentissage est l’alternance entre des temps d’enseignement général, technologique et théorique dans l’établissement et des temps de formation professionnelle pratique dans les entreprises, sous la responsabilité d’un maître de stage.
Mutation et développement de l’apprentissage
Les Centres de formation d’apprentis (CFA) ont élargi leur offre de formation en s’adaptant aux nouveaux standards des diplômes, développant les BEP puis les baccalauréats professionnels au détriment des CAP et multipliant les formations supérieures. Cette évolution rendue possible par la loi (1987, 1993) a été facilitée par l’ad-hésion des conseils régionaux aux objectifs d’élévation du niveau moyen des formations.
Des centres aux formations de plus en plus diversifiées
Les CFA (aux environs de 1500) ont des statuts et des projets variés en fonction de leurs tutelles. Ils peuvent dépendre des chambres d’agriculture ou des chambres des métiers et de l’artisanat. Établissements particuliers, les maisons familiales rurales, qui n’accueillent parfois que quelques dizaines de jeunes filles pour une formation de proximité à des métiers peu qualifiés (aide à domicile, opératrice de nettoyage), peuvent aussi avoir une offre de BTS ou de licence professionnelle. Les CFA préparent également au brevet de maîtrise, un diplôme particulièrement prisé par les enfants d’artisans et nécessaire pour exercer certaines professions en tant que patron (employer des salariés ou travailler en indépendant). L’accès à cette formation est possible après cinq ans d’expérience professionnelle pour les titulaires d’un diplôme de niveau V (CAP ou BEP) et quatre ans pour les titulaires d’un diplôme de niveau IV (type bac).
Croissance et diversification après une période de stabilité
Stable jusqu’au début des années 1990 le nombre d’apprentis a connu une première croissance avec la création des BEP puis des baccalauréats professionnels. À partir des années 2000 le développement de l’alternance a contribué à un nouvel essor qui s’accompagne d’une baisse constante des formations professionnelles courtes et de la croissance des formations supérieures. Le soutien des régions aux formations par alternance, renforcé par des incitations gouvernementales, entraîne une croissance rapide des effectifs depuis la rentrée 2018. Celle-ci a été rendue possible par la création de nouveaux CFA, dont la plupart ont été créés par des entreprises telles Schneider ou Lactalis.
L’apprentissage qui préparait par le passé davantage aux métiers du bâtiment, du commerce ou de l’alimentation (métiers de bouche) qu’à ceux du tourisme ou de la santé, continue de se diversifier, le secteur tertiaire est devenu majoritaire.
Une implantation régionale très inégale
L’apprentissage reste forte-ment implanté dans des régions à forte proportion de PME artisanales comme l’Alsace, le Centre, les Pays-de–Loire, le Poitou-Charentes, mais aussi en Corse et dans l’académie de Nice. L’apprentissage est très peu présent dans les départements d’outre-mer comme dans certaines académies dont les élèves rencontrent des difficultés (Lille, Créteil).
Pour autant, l’apprentissage n’a pas perdu son rôle d’école de la dernière chance. Les CFA accueillent toujours en CAP des élèves au niveau scolaire insuffisant pour obtenir une place en lycée professionnel.
L’abaissement de l’âge d’entrée en CFA de 16 à 14 ans fut même envisagé par certains élus en 2005. Pour une large part, l’apprentissage satisfait à la fois le désir de professionnalisation et le besoin d’une première insertion profes-sionnelle rémunérée.
Des inégalités d’accès et des abandons dans plus d’un quart des contrats
La signature du contrat avec l’entreprise
d’accueil marque l’entrée en apprentissage. Elle s’obtient d’autant plus facilement quand l’on est un garçon et que l’on dispose d’un réseau de relations incluant un chef d’entreprise ou un salarié de l’artisanat. La part des filles qui s’élevait à seulement 30,8 % de l’ensemble des apprentis à la rentrée 2008, tous niveaux confondus, reste faible, aux environ d’un tiers (33,2%) en 2016.
Une fois le contrat signé, il est rompu dans plus du quart des cas (29,2%) avant la fin de la formation, sur décision de l’employeur ou demande de l’apprenti. Moins d’un apprenti sur cinq retrouve un autre maître de stage après cette rupture.
Pages avec une thématique proche
Les formations professionnalisantes après le baccalauréat
Pour compléter
Cf. Le Monde.fr du 04 mars 2020 : La loi « avenir professionnel » a multiplié les centres de formation d’apprentis dans les entreprises
Mise en ligne : 10 Mai 2019. Mise à jour en décembre 2019, à partir des données 2018-2019, qui sont les plus récentes disponibles. Dernière modification 11/03/2020
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